A la date du 1er octobre 2025, il y a 5 articles à lire ci-dessous :
Les comportements toxiques chez un proche
Désirer autrement, sortir de la logique de performance
Troubles bipolaires, les proches ont parfois besoins de souffler
Je suis un SAPIOSEXUEL
Jack Kornfield : Une psychologie bouddhiste
Il suffit parfois d’un rien pour se rendre compte de la nocivité d’un membre de notre entourage. Green flags, red flags, beige flags… Si ces signaux d’alerte doivent nous permettre de repérer une personne saine ou potentiellement toxique au premier abord, une fois lancé dans la relation, il peut être plus compliqué de prendre du recul.
Qu’il s’agisse d’un partenaire romantique, d’un ami ou d’un membre de notre famille, les comportements malveillants peuvent être particulièrement bien dissimulés. « Une bonne relation est un lieu rassurant où les deux personnes s'aiment, s'honorent et se respectent mutuellement », résume la coach en relations Jennifer Howell pour Everyday Health. À l’inverse, une relation toxique peut être une source de stress, de troubles du sommeil, d’épuisement mental ou encore de baisse de confiance en soi. Il est donc impératif de faire le tri.
« Tout le monde ne mérite pas de faire partie de votre vie, affirme la psychothérapeute Sara Kuburic dans un post Instagram. Soyez sélectif. Les personnes avec lesquelles vous choisissez de passer votre temps façonneront en fin de compte ce que vous deviendrez. » Les relations ou personnes malsaines peuvent donner le sentiment de ne pas être respecté, valorisé, apprécié ou d’être ridiculisé et critiqué au point de perdre sa valeur personnelle, avance Amy Sherman, conseillère en santé mentale, auprès de Choosing Therapy.
Alors pour éviter de mettre notre santé mentale et physique en péril, ainsi que nos relations futures, Sara Kuburic met en lumière 13 comportements qui doivent vous faire réévaluer la présence de ces personnes dans votre vie :
Vous demande de vous faire tout petit pour eux.
Vous réduit au silence.
Ne vous fait pas vous sentir en sécurité.
Draine votre énergie.
Ne respecte pas vos limites.
Ne vous permet pas d’être vous-même.
Ne célèbre pas vos réussites.
Remet en question ce que vous valez.
Vous traite injustement ou vous manque de respect.
Ne vous soutient pas dans votre développement et votre guérison.
Vous demande de trahir qui vous êtes pour répondre à ses besoins.
En attend trop de vous.
Ne vous donne pas l’impression d’être vu et entendu.
Dans une société qui glorifie la réussite, l’efficacité et les résultats visibles, le désir est souvent pris dans une logique de performance. On ne désire plus seulement vivre, créer, aimer… on désire réussir à bien le faire, à être productif, à atteindre un objectif. Peu à peu, le désir perd sa liberté. Il devient exigence, pression, devoir déguisé. Et si, pour se reconnecter à soi, il fallait désirer autrement ; sans viser la performance, mais en retrouvant le goût du mouvement intérieur ?
On ne s’en rend pas toujours compte, mais nos désirs sont souvent formatés par des attentes extérieures. Vouloir réussir sa vie, être une meilleure version de soi, développer son potentiel… Ces aspirations peuvent sembler personnelles, mais elles sont parfois très imprégnées de normes sociales. On ne désire plus librement : on se met en devoir de désirer ce qui est valorisé. Le danger ? Perdre le lien avec ce qui fait sens pour soi en cherchant à faire ce qui « se fait ».
Désirer autrement, c’est réapprendre à sentir ce qui nous met en mouvement sans objectif à atteindre. Une activité sans enjeu, une création sans public, une parole sans but stratégique. Ce sont souvent ces élans discrets, presque gratuits, qui nous reconnectent à notre énergie vitale. Car le désir vrai n’est pas toujours spectaculaire. Il est vivant, mobile, sensible et ne supporte pas les injonctions de rentabilité.
La logique de performance impose une idée implicite : ce que je suis, ce que je fais, n’est jamais suffisant. On est alors dans une quête permanente de dépassement, au risque de l’épuisement ou du découragement. Désirer autrement, c’est rompre avec cette spirale. C’est s’autoriser à vouloir pour le plaisir de vouloir, à explorer pour la joie de ressentir, sans attendre de validation extérieure. Ce n’est pas régresser : c’est se libérer.
Derrière l’envie de performance se cache souvent une peur de ne pas exister aux yeux des autres. Mais le désir profond ne cherche pas à prouver : il cherche à faire lien avec soi, avec le monde, avec ce qui nous rend vivant. Pour cela, il a besoin de temps, de silence, de respiration. Désirer autrement, c’est peut-être désirer moins fort, mais plus juste. C’est retrouver un désir habité, enraciné, apaisé ; un désir qui ne pousse pas à se dépasser, mais à se rencontrer.
https://www.psychologie.fr/se-liberer-de-la-pression-performance/
Entre incompréhension, épuisement et solitude, les proches de personnes bipolaires se retrouvent souvent démunis. Comment être un soutien sans se perdre soi-même ? Hana Lévy-Soussan, psychologue au lieu de pair-aidance La Maison perchée, livre quelques conseils pour traverser les épreuves.
Hana Lévy-Soussan et Albane Clavere
20 août 2025 | CERVEAU & PSYCHO N° 179 | Temps de lecture : 11 mn
Autour d’une personne touchée par un trouble bipolaire, il y a souvent des proches, des familles, des conjoints qui l’aident et l’accompagnent. Qui sont ces personnes en général ?
Toutes celles et ceux qui choisissent de lui apporter leur soutien. Cela peut être des amis, des frères et sœurs, des parents, un ou une conjoint(e). Pour autant, tous les proches d’un patient ne sont pas forcément des aidants. Car ce rôle suppose de s’impliquer activement pour accompagner et soutenir. Il existe aussi ce qu’on appelle les « pair-aidants » – notre lieu d’accueil et de rencontre, La Maison perchée, repose sur leur action –, qui sont des gens eux-mêmes confrontés au trouble et qui mettent à profit leur vécu pour aider celles et ceux qui traversent des difficultés similaires. Étant moi-même psychologue et concernée par le trouble bipolaire, cela me permet d’avoir une double casquette – une compréhension à la fois théorique et expérientielle. On rencontre donc une diversité d’aidants, et il est essentiel que les personnes vivant avec un trouble sachent qu’elles peuvent s’appuyer sur un réseau diversifié.
Comment préserver son équilibre quand on soutient un proche bipolaire ?
Accompagner quelqu’un demande de donner beaucoup de soi. Parfois trop. D’où l’importance de savoir s’imposer des limites, reconnaître quand il faut se mettre en retrait pour prendre soin de soi. Être aidant exige parfois de savoir lâcher prise. Comme les personnes bipolaires, les proches ont eux aussi besoin d’écoute et de soutien. Cela peut passer par des échanges avec l’entourage, mais aussi en rejoignant des groupes de proches aidants, tels ceux que propose La Sentinelle des aidants par exemple, une association qui accompagne les proches des individus affectés par des troubles psychiques. Ces espaces permettent de se décharger, de se livrer sur son épuisement, sa colère, son désarroi…
Justement, quelles ressources peut-on mobiliser pour ne pas se décourager ?
Le trouble bipolaire ne se vit pas seul. Il touche la famille, le couple, les amis. L’entourage y est forcément confronté. Or, lorsqu’on ne connaît pas bien la maladie, on peut prendre beaucoup de choses de manière personnelle : les accès d’agressivité, les épisodes suicidaires, ou même certains jours où son proche reste prostré au fond du lit. C’est pourquoi il est très utile de s’informer. C’est le rôle de la psychoéducation, qui aide à déchiffrer ces comportements, à comprendre qu’ils ne sont pas dirigés contre nous et que ce n’est pas à proprement parler l’individu qui s’exprime à travers eux, mais bien le trouble. Une telle distinction est essentielle. Elle permet de moins en vouloir à la personne, de prendre de la distance, et surtout de ne pas culpabiliser.
Quelles sont, selon vous, les principales difficultés auxquelles sont confrontés les aidants ?
Aider quelqu’un qui n’est pas prêt à recevoir de l’aide représente, à mon sens, l’un des plus grands défis auxquels font face les proches de personnes en souffrance psychique. Car même avec la meilleure volonté du monde, on ne peut pas porter secours à quelqu’un contre son gré. Et, il y a souvent, chez l’individu concerné, une forme de déni qui rend toute démarche d’accompagnement très complexe. À La Maison perchée, on reçoit régulièrement des parents profondément investis pour aider leur enfant, mais aussi complètement désemparés. Ils racontent avoir tout tenté pour le convaincre de consulter, sans succès. Et c’est parfois difficile à entendre, mais on ne peut pas forcer quelqu’un à aller mieux. Le désir de soin doit venir de la personne elle-même. Cela crée un vrai décalage : d’un côté, un proche qui veut sincèrement apporter son soutien ; de l’autre, quelqu’un qui le refuse ou semble indifférent. Cette dissonance fragilise la relation. L’aidant pense bien faire, mais son comportement peut être perçu comme une intrusion, voire une tentative de contrôle. Et chacun avance alors dans une direction opposée, ce qui rend le dialogue compliqué.
Dans ce contexte, comment peut-on alors aider une personne qui refuse notre soutien ?
Il y a, selon moi, deux cas de figure à distinguer. Le premier porte sur les situations d’urgence, lorsque l’individu représente un danger pour lui-même ou pour les autres. Dans ce cas, il est parfois nécessaire d’intervenir sans son consentement. Cela peut aller jusqu’à une hospitalisation sous contrainte. Il s’agit d’une décision lourde, très difficile à vivre, mais qui peut dans certaines situations être le seul moyen de protéger le patient.
Le second cas de figure est plus fréquent. C’est celui où il n’y a pas de danger immédiat, mais où la souffrance est bien présente. La posture à adopter est alors très différente et demande surtout de la patience. Plutôt que de vouloir forcer la personne à entreprendre telle démarche pour aller chez un psy, vous allez semer des graines qui germeront au fil du temps, par exemple en lui faisant simplement savoir que des ressources existent. Qu’il s’agisse de lieu d’aidance comme La Maison perchée (ou d’autres) ou des contenus accessibles à distance. Nos podcasts, par exemple, ont été pensés pour cela. Ils permettent d’écouter – sans avoir à se déplacer, ni à parler – des témoignages d’autres personnes confrontées aux mêmes souffrances. Et parfois, cette simple écoute suffit à amorcer une démarche positive.
Ce processus prend donc du temps ?
C’est là une autre grande difficulté pour les proches. Le rétablissement se fait à un rythme propre à chacun, incompressible. Même en étant très investi et aimant, un proche ne peut pas faire le chemin à la place de l’individu concerné. Il faut accepter que cela prenne du temps. L’essentiel est de ne pas brusquer la personne ni de précipiter les choses, mais plutôt de créer un cadre de soutien, d’être présent tout en lui laissant la liberté d’avancer à sa façon. Ce n’est que dans cet espace respectueux et non contraignant qu’elle pourra peu à peu se tourner vers les ressources ou les lieux qui lui correspondent.
La clé est donc de savoir laisser de l’espace à la personne ?
Absolument. Le grand danger, c’est de tomber dans l’infantilisation. Et c’est une réaction humaine : quand on souhaite aider quelqu’un à qui on tient, on pense généralement savoir ce qui est bon pour lui. Mais en voulant bien faire, on prive parfois l’autre de sa liberté d’agir. Or le rétablissement désigne précisément une période où la personne a besoin de se réapproprier son pouvoir d’agir, de faire ses propres choix. Cela suppose qu’elle ait de la place pour grandir et progresser à son rythme. Pour les proches, cela implique d’accepter qu’elle se cherche, voire se trompe. Offrir cette liberté témoigne d’une véritable confiance, ce dont la personne a souvent le plus besoin, sentir qu’elle peut tracer son propre chemin, même s’il n’est pas le plus direct. Second effet vertueux : en laissant plus de liberté, l’aidant peut aussi commencer à s’alléger l’esprit, à lâcher prise en quelque sorte. Ce qui est extrêmement bénéfique sur le long terme.
Lors des phases maniaques, certains comportements peuvent devenir problématiques – comme les achats compulsifs ou les décisions abruptes. Comment aider concrètement, sans infantiliser ?
La première crise est souvent imprévisible. Mais une fois cet épisode passé, il devient possible de mettre en place des outils concrets pour mieux traverser les suivants. Ces dispositifs peuvent être pensés pendant les phases sans symptômes, dites « euthymiques », qui offrent de véritables fenêtres de dialogue avec les proches. Les directives anticipées en psychiatrie sont l’un de ces outils : un document que le patient rédige lorsqu’il va bien, dans un moment de lucidité, pour préciser ce qu’il souhaite – ou ne souhaite pas – en cas de nouvelle crise. Il peut y noter par exemple : « Si je recommence à faire des achats compulsifs, je suis d’accord pour que telle mesure soit prise », ou encore « Si je me mets en danger, j’accepte une hospitalisation ». Il peut aussi désigner des proches à prévenir – ou, au contraire ceux qu’il ne veut pas impliquer. Ce type de document est particulièrement précieux en psychiatrie. Il permet à l’individu de conserver son pouvoir d’agir, même dans les moments où il perd en lucidité. Il s’agit de sa volonté, exprimée dans une phase de stabilité, qui fait référence. Et cela évite que de telles décisions soient prises à sa place, dans l’urgence ou la confusion. Il existe aussi des leviers très concrets : si l’on sait, par exemple, que les achats compulsifs sont un risque, la personne peut, de son propre chef, convenir avec sa banque de plafonds de dépense, de blocages temporaires ou d’alertes automatiques. Le plus important consiste à ouvrir le dialogue pendant les périodes d’accalmie, pour qu’elle choisisse ce qui lui convient. Et dans bien des cas, cette démarche change profondément la manière dont la maladie est vécue. En se mettant d’accord, la personne bipolaire et ses aidants savent mieux comment envisager l’avenir, l’incertitude est réduite et cela constitue aussi un stress en moins pour l’entourage. Or chaque moyen d’atténuer l’incertitude et l’angoisse est bénéfique également pour la stabilité des proches, afin qu’ils ne s’épuisent pas et puissent vivre de façon plus « sereine » cette situation ensemble.
Trouver la bonne distance semble vraiment difficile. Quand l’humeur fluctue violemment, comment s’y prend-on ?
Le maître mot est la flexibilité. Il faut savoir ajuster sa place aux besoins de la personne. Parfois, elle aura besoin d’être très proche de vous, d’avoir votre présence rassurante à ses côtés. À d’autres moments, il lui faudra plus d’espace. La meilleure façon d’accompagner consiste à lui demander régulièrement de quelle manière elle souhaite être soutenue. Quelle aide serait utile pour elle ? Quelle présence attend-elle de vous aujourd’hui ? Il est important de s’enquérir de ces choses-là, car ses besoins peuvent changer d’un jour à l’autre. Rien ne sert de présumer ce qui est bon ou nécessaire à sa place. Il suffit simplement de poser la question.
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Et puis, il faut aussi accepter de ne pas comprendre. Car dans certains moments – notamment en cas de délire – il est tout simplement impossible de saisir ce que vit l’autre, qui est d’ailleurs dans une autre réalité. Le rôle du proche est aussi de savoir renoncer à trouver des explications. La simple présence représente déjà beaucoup. La personne vit ce qu’elle vit, elle partage ce qu’elle peut, et si cela semble impossible à concevoir, ce n’est pas grave. Je me souviens d’une phrase que m’a confiée mon frère lors d’une de mes crises, et qui m’a profondément marquée. Il m’a avoué se sentir comme un chien fidèle à côté de son maître : il ne comprenait pas ce que je disais, mais il était là, simplement. Je pense qu’il s’agit de la bonne attitude à adopter : être là, même sans appréhender toute la situation, accepter que l’autre soit dans un autre monde. Les proches pensent souvent qu’ils doivent trouver les bons mots, apporter des réponses. Mais parfois, le silence suffit. Être présent, c’est aussi juste partager un instant, une balade, un regard.
Consentir à ne pas forcément comprendre peut représenter une démarche particulière pour l’entourage, et coûter un certain effort. Mais c’est aussi une manière de lâcher prise, de renoncer à vouloir tout contrôler. Psychologiquement, pour les aidants, ce moment clé a souvent quelque chose de salutaire. C’est une pression en moins qu’on se met sur les épaules. Et cela compte pour garder son équilibre psychique !
Un proche aidant doit-il aider à repérer les signes avant-coureurs d’une crise ?
L’objectif principal est de responsabiliser la personne, afin qu’elle puisse elle-même reconnaître ses signes d’alerte et se dire par exemple : « Je dors moins, que puis-je faire ? Dois-je consulter mon professionnel de santé ? » Mais parfois, son entourage, en pressentant une crise, contacte les médecins sans même la prévenir… Ce qui, à mon avis, n’est pas la meilleure approche. Aujourd’hui, de nouvelles applications consacrées aux troubles bipolaires voient le jour. Elles analysent la voix des patients pour détecter des signes avant-coureurs de phases dépressives et transmettent automatiquement ces informations à leur entourage ou aux professionnels. Là encore, cela pose un vrai problème à mon sens. La personne se trouve entièrement dépossédée de son rétablissement. Il est essentiel que tout cela se fasse avec son accord, en concertation, sans quoi elle risque de se sentir infantilisée et de perdre confiance. La responsabilisation est un des piliers du rétablissement. Et quand les proches d’un patient réussissent à lui faire confiance, on les voit parvenir à respirer de nouveau, à ne plus porter sur leurs épaules tout le poids de la maladie, et à aller mieux à la fois physiquement et mentalement.
Tout est donc une histoire de confiance ? Que peut-on dire à des parents de jeunes bipolaires qui s’inquiètent pour leur avenir, leur insertion professionnelle ?
Quand un parent voit son enfant traverser une crise, tout semble s’effondrer. L’angoisse est immense. Mais dans ces moments-là, les parents doivent avant tout faire confiance à leur enfant. Il existe un concept que je trouve très éclairant, celui de la « virtualité saine ». Elle désigne le potentiel que chacun porte en soi d’aller mieux, de vivre pleinement, même quand on affronte une période très difficile. Dans les épisodes de crise, cette possibilité semble s’effacer, mais elle ne disparaît jamais. Et dans les phases de stabilité, elle reprend toute sa place. Pour les proches, le plus important est de continuer à discerner cette ressource chez la personne, même quand elle paraît absente. Et d’y croire sincèrement. Parce que plus on reconnaît chez l’autre sa capacité à aller mieux et à se reconstruire, plus on l’aide à y croire lui-même.
L’humoriste Gad Elmaleh se confie dans Paris Match à l’occasion du lancement de son nouveau spectacle, au Casino de Paris du 1er au 3 décembre prochain. Il revient notamment sur sa vie sentimentale.
Il est célibataire et « prêt pour l’amour ». L’humoriste de 53 ans se livre à cœur ouvert sur sa vie sentimentale. Gad Elmaleh s’est confié à notre journaliste Christophe Carrière. Première information importante : il s’était inscrit sur une application de rencontre - même il n’y est plus. « J’y ai fait des rencontres parfois étonnantes, superficielles. Il y a eu de petites aventures, de belles amitiés aussi, mais au bout du compte, je trouvais ces relations artificielles », explique-t-il, assumant ensuite être de la « vieille école », « J’aimerais aller à un dîner ou à une soirée et flasher sur quelqu’un, créer un lien. Le souci est que je n’aime pas aller à des dîners ou à des soirées ! »
Gad Elmaleh promet de faire des efforts pour retrouver une femme qui ferait battre son palpitant au quotidien. Quels attributs doit avoir la femme idéale, selon Gad. Une bouche pulpeuse, une taille de guêpe ? Non, juste de l’esprit.
« L’humour... Je suis bouleversé par l'humour et le raffinement intellectuel. Rien n'est plus sexy qu'une femme avec de l'esprit. Comme disent les magazines féminins, je suis un sapiosexuel. Comme on dit, l'excitation part d'en haut, pas d'en bas. »
« Je suis sapiosexuel. » Un terme, lâché à la volée qui défraie la chronique. Qu’importent les yeux, les visages ou la couleur des cheveux, pour lui, c’est l’intelligence qui prime.
La racine latine « sapio » (pour savoir, connaître, comprendre, s’entendre) « utilisée dans la sémantique sexuelle est apparue aux USA au début des années 2010 et, l’essor d’Internet semble avoir été un propulseur pour l’utilisation de ce substantif », estime Thiery Favre, membre de la Société française de sexologie clinique (SFSC).
Il correspondrait au fait « d’être attiré sexuellement par les personnes intelligentes ».
Une orientation sexuelle ? « C’est une question controversée », indique Thiery Favre, Membre de la Société française de sexologie clinique (SFSC).
Il serait préférable de la qualifier comme étant un élément majeur parmi les critères de sélectivité-prédilection d’une orientation sexuelle, laquelle peut se décliner en hétérosexualité, homosexualité ou bisexualité.
Cet élément majeur se situant en l’occurrence dans le champ de l’intelligence, mais aussi de la culture, de l’éloquence et du savoir.
Source : https://actu.fr/societe/gad-elmaleh-annonce-etre-sapiosexuel-que-signifie-cette-attirance-sexuelle-et-amoureuse_61933695.html et https://www.parismatch.com/people/gad-elmaleh-je-suis-un-sapiosexuel-243982
La famille dans laquelle Jack Kornfield naît en 1945 est loin d’un idéal de paix : le père violent et tyrannique terrorise sa femme et ses quatre enfants. Jack apprend vite à se protéger, s’enfermant dans une forme de paix certes artificielle, mais vitale. Cette enfance laisse des séquelles. Trouver le moyen de se libérer de sa souffrance intérieure devient une quête. A 22 ans, l’esprit confus mais plein d’ardeur, le jeune homme s’engage dans l’humanitaire en Thaïlande, après un diplôme en études orientales.
C’est en Thaïlande qu’il rencontre Ajahn Chah (1919-1992), reconnu pour avoir été l’un des plus grands maîtres bouddhistes du XXe siècle. Il fait partie des moines de la forêt, une tradition thaïe du bouddhisme theravada centrée sur la méditation. Lors de leur première entrevue, Ajahn Chah dit à Jack Kornfield : « J’espère que vous n’avez pas peur de souffrir. » – « Que voulez-vous dire par là ? » lui demande Kornfield étonné. « Il y a deux sortes de souffrance » lui répond le méditant, « la souffrance que vous essayez de fuir, qui vous suivra partout, et la souffrance que vous acceptez de regarder en face, trouvant la libération que le Bouddha nous a enseignée. » Cette introduction, qui ne manque ni d’humour, ni de chaleur, le marque pour la vie. Jack s’assigne désormais pour tâche d’affronter la souffrance afin de parvenir à s’en libérer. Mais il lui reste un long chemin à parcourir. Il passe cinq ans dans les monastères de l’Asie du Sud-Est, vivant la vie errante des moines de la forêt, d’abord auprès d’Ajahn Chah devenu son maître en Thaïlande, puis de Mahasi Sayadaw (1904-1982) en Birmanie. Tandis que le premier enseigne la vie monastique comme abandon de tous les attachements et comme occasion de pratiquer l’attention et la compassion en toute situation, le second met l’accent sur la méditation silencieuse qui permet de voir directement son esprit. Kornfield connaît des expériences d’extase et de lumière, entre en contact avec la vacuité. Mais il se coupe de ses émotions et devient incapable de les connaître. Revenu de ses états méditatifs, il se voit agir comme quelqu’un de confus. Une question le hante : cette tendance à quitter le monde ordinaire pour s’enfermer dans une illusion sans rapport avec la réalité, est-ce cela qu’on appelle spiritualité ?
A son retour en Amérique en 1972, Jack Kornfield est brutalement confronté à l’effondrement de son « nirvana » qui lui apparaît soudain si dépendant des conditions extérieures. Il se trouve face à la nécessité de prendre sa vie en main. « J’étais émotionnellement immature, et tous mes conflits anciens avec ma famille et les amis me revinrent intacts » confie-t-il avec honnêteté.
Après des années de pratique spirituelle, Kornfield découvre en effet qu’il a toujours les mêmes problèmes affectifs, les mêmes troubles émotionnels, les mêmes difficultés relationnelles qu’avant son départ. Ses années de retraite l’ont rendu presque insensible. Lui qui a tant médité sur les principes de générosité, d’amour et de compassion, il ignore ce qu’il ressent. Le voyant si loin de lui-même, une de ses petites amies lui offre un carnet dans lequel il pourra inscrire ses sentiments et ses goûts, afin de commencer à les connaître. « Retrouver un rapport à mes émotions a été un long processus qui bouleversa ma vie », rappelle-t-il dans son livre Après l’extase, la lessive – véritable cartographie des périls de la vie spirituelle, basée sur son expérience et celle de maîtres des nombreuses traditions spirituelles de l’humanité.
Comment intégrer la méditation dans sa vie ? Cette question vitale le conduit à de grandes transformations intérieures. Kornfield abandonne ses robes de moine et commence à conduire un taxi pour gagner sa vie, s’engage dans une relation amoureuse durable et reprend des études en psychologie clinique qu’il poursuivra jusqu’au doctorat. Abandonnant le combat contre lui-même, il passe de la voie ascétique de la méditation à une manière plus compassionnée de se traiter, tournée vers la guérison intérieure.
Car le fait de vouloir sans cesse s’améliorer tout en refusant d’abord de s’accepter, est un piège qui peut égarer. Cette recherche d’un niveau supérieur de vie spirituelle signe l’emprise du « matérialisme spirituel », comme le nomme Chögyam Trungpa. Jack Kornfield comprend le grand danger qui menace les occidentaux dans leur approche de la méditation : elle est utilisée pour demeurer en paix, nier ses émotions et ne plus se confronter aux difficultés et aux exigences de la vie moderne.
Le tournant est décisif. Jack Kornfield devient un bâtisseur de pont entre la méditation bouddhiste et la psychologie occidentale. Il amène certains changements profonds dans l’approche du bouddhisme aux Etats-Unis, portant notamment sur la reconnaissance des émotions et l’importance de la vie psychologique et affective des pratiquants. Rien ne sert de rêver, les problèmes personnels ne peuvent disparaître seulement avec la méditation. Un travail sur soi est indispensable.
Pour cela, Jack Kornfield veut créer un cadre contemplatif adapté à la vie occidentale. Avec deux amis pratiquants, Sharon Salzberg et Joseph Goldstein, ils fondent en 1976 la Insight Meditation Society (IMS) et achètent un vieux monastère catholique dans les bois de Bare, dans le Massachussets. Ils invitent les pèlerins en quête spirituelle à les rejoindre pour des retraites de pratique. On y enseigne notamment l’Insight meditation, ou méditation intuitive, dite aussi méditation de la vue claire, plus connue en Asie sous le nom Vipassana. Porter attention à son expérience du moment présent est au coeur de cette pratique.
Laïcs s’habillant à l’occidentale, ayant travail et famille, les gens viennent à eux pour des conseils pratiques sur la manière d’intégrer l’attention au quotidien, de vivre « méditativement » dans le monde. Petit à petit, naturellement, il n’y a plus de séparation entre la spiritualité et le monde moderne. Pionnier dans cette transmission rigoureuse et non sectaire de la méditation qui fait la force du bouddhisme aux Etats-Unis, Kornfield en plaisante volontiers : « La plupart des gens à qui j’enseigne la méditation ne se sentent pas bouddhistes, ce qui me convient tout à fait. Il est bien préférable de devenir un bouddha qu’un bouddhiste ! »
En tant que thérapeute, Jack Kornfield utilise pour soulager les souffrances ce qu’il a appris par la méditation. L’attitude pleine de compassion envers soi-même, ses émotions et ses ressentis, est mise en pratique dans la psychologie bouddhiste via la technique RAIN – reconnaissance, acceptation, investigation et non-identification.
Il s’agit en premier lieu de reconnaître ce qui est présent. « Nous sortons du déni qui sape notre liberté » explique Jack Kornfield. Puis de laisser à l’expérience sa place, de lui donner droit. « Accepter nous permet de nous détendre et de nous ouvrir. » Nous pouvons alors goûter les émotions et les examiner. C’est ce que le maître Thich Nhat Hanh appelle « voir en profondeur ». Nous constatons la nature changeante et impersonnelle de nos expériences. « En l’absence d’identification, nous pouvons prendre soin de nous-mêmes et des autres, avec respect, tout en n’étant plus liés par les peurs et les illusions du sentiment étroit de nous-mêmes. » explique-t-il dans Bouddha mode d’emploi, véritable manuel de psychologie bouddhiste.
Ce processus en quatre étapes libère des difficultés par l’utilisation des ressources intérieures de l’attention et de la conscience en éveil. Selon Jack Kornfield, la thérapie – comme la pratique de la méditation – est une activité révolutionnaire qui ne peut être accomplie confortablement. C’est un défi constant à l’identité que chacun se forge au fil de sa vie. Parler sans cesse de ses problèmes et se centrer sur son moi blessé n’aide pas, pense-t-il, « ce qui amène la liberté est de faire face à la racine même de cette souffrance, et de la fausse identité qui s’est construite autour d’elle, plonger droit en son coeur jusqu’à ce qu’elle retourne à sa véritable vacuité. »
Accepter son chagrin en profondeur, sans le juger, reconnaître les situations de notre vie qui font mal, avec douceur, constitue un premier pas vers la guérison. L’approche de Kornfield est ancrée dans l’expérience la plus directe, la plus personnelle et la plus humaine ; c’est sans doute ce qui fait sa force, et son succès.
En 1988, le psychologue bouddhiste fonde le centre Spirit Rock en Californie, un cadre communautaire plus vaste que l’IMS qui inclut les différentes approches bouddhistes, conservatrices et novatrices.
Un ami et collègue enseignant de Kornfield appelle cet endroit « les Nations Unies du Bouddhisme » tant son fondateur essaie, depuis des années, de réunir les représentants de chaque tradition et de créer les conditions d’un véritable dialogue entre les différents courants bouddhistes implantés en Occident.
Car dès la fondation de l’IMS en 1976, Jack Kornfield avait découvert un problème dans le monde bouddhiste : chaque école pense être la détentrice du savoir absolu. Cela crée la haine et la peur. Kornfield, fort de l’enseignement de son maître Ajahn Chah, milite pour sortir des antagonismes par une pratique appelée « Arrêter la guerre ».
Pour cela, il organisa en 1989 la première rencontre des enseignants bouddhistes occidentaux, en présence de Sa Sainteté le Dalaï Lama. Ce dernier demanda quel était l’écueil principal rencontré par les occidentaux dans leur approche du bouddhisme. Tous s’accordèrent à dire que l’obstacle majeur est la haine de soi, la honte et la culpabilité. Après de longues minutes de discussion avec ses interprètes, le Dalaï Lama s’écria, choqué : « Mais c’est affreux ! Nous sommes tous dignes d’amour ! » Les affections douloureuses dues au manque de respect pour soi et à la dépression étaient peu connues dans les sociétés traditionnelles où le bouddhisme a pris racine. Fort de cette leçon, Jack Kornfield met l’amour au coeur de son enseignement de la méditation. Dans Bouddha, Mode d’emploi, il écrit : « Sous la complexité de la psychologie bouddhiste demeure la simplicité de la compassion. » L’expression « un coeur sage » était d’ailleurs le titre original de l’ouvrage. Elle signifie que nous sommes doués de bonté et non pas damnés par le péché originel. Quelque chose en l’homme, malgré sa souffrance et ses aveuglements, voit la vérité. La réalisation est directe, venant de ce qu’Ajahn Chah appelait « Celui qui sait », le coeur clairvoyant, aimant, sage. C’est le point clef de tout l’enseignement de Kornfield, et de sa pratique thérapeutique.
Lors d’une conférence en avril dernier à New York, il expliquait que « le Bouddha ne cherchait pas à créer une religion, ce qui l’intéressait était de décrire la manière dont les êtres humains sont pris par la peur, l’anxiété, la confusion et la haine (…) La méditation est simplement la compréhension et le développement de l’attention, de la présence et de la tendresse bienveillante du coeur qui existent en chacun de nous. »
Autrice : Virginie Gomez https://www.inexplore.com/articles/Jack-Kornfield-Une-psychologie-bouddhiste